Associée en nous-mêmes avec tous les sentiments que notre âme est capable d’éprouver, elle a le merveilleux pouvoir, en nous replaçant dans les mêmes conditions d’ébranlement nerveux, de les rappeler, de les faire renaître en nous, de troubler et de bouleverser tout notre être par le mouvement qu’elle imprime aux ondes nerveuses qui le parcourent. La poésie dramatique, que sa nature même placerait dans une sphère inférieure à la poésie épique et à la poésie lyrique, reprend cependant sa place élevée lorsque, dans la lecture, par exemple, rien ne vient distraire notre esprit du plaisir idéal qu’elle nous procure, et que notre imagination seule fait tous les frais de la mise en scène. Aujourd’hui cette image, beaucoup trop générale pour nous, s’est décomposée et nous fournit les images du banquier, de l’agent de change, du quart d’agent de change, du boursier, du coulissier, etc. Le théâtre nous donne absolument tout ce qu’il nous doit, des sensations optiques exactes; et comme nous ne pouvons contrôler ces sensations par le toucher, il n’a pas à se préoccuper d’une éventualité qui ne se produira pas.